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-Je vais aller voir le campus je pense... probablement pendant le second pont du mois de mai.
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-Ha bon ? Tu vas y aller en moto ?
-Je vais aller voir le campus je pense... probablement pendant le second pont du mois de mai.
-Ha bon ? Tu vas y aller en moto ?
C’est comme ça, à quelques jours dudit pont, qu’est venue l’idée de se rendre sur le bord de mer en moto, un peu à la manière de deux enfants, “si on faisait ça?! Ouais super!”. A notre décharge, il faut dire que nous sommes coutumiers du fait, nous et l’organisation c’est comme deux corps qui ne seraient pas miscibles.
Nous voilà donc embarqués pour un voyage à Aix en Provence... “et tant qu’à faire, pourquoi ne pas aller sur le bord de mer? Oui, logique, on sera juste à côté! Et si on passait par cette p’tite route qu’on a vu sur youtube ? Ha tiens, bonne idée...”, bref de fil en aiguille, le “petit” aller / retour Aix - Lyon se transforme en balade décomplexée sur les terres du sud! “On va pas aller là-bas, sans les humilier sur leurs propres routes?!”
Non effectivement, ce serait mal venu.
Après avoir humblement supplié Flo pour un roadbook digne de ce nom (ce qui est sympa quand on sait qu’elle ne pourra pas venir avec nous vu qu’elle bosse...) et digressé toute la soirée sur notre futur voyage, le temps s’est écoulé relativement vite jusqu’à ce fameux vendredi matin, 7h00 devant la station service que nous avions choisie comme point de départ. Etonnamment je suis le premier sur les lieux, j’en profite pour me griller une cigarette imaginaire, vérifier mon bagster plein à craquer, on s’occupe, on s’occupe...
Quelques minutes plus tard, Pascal passe devant moi, déjà bien parti pour le sud, il s’arrête au dernier moment, ho ho, j’en connais un qui n’a pas dû beaucoup dormir! Salamalecs d’usage, on abrège, il faut qu’on soit à Aix avant midi, vu qu’on veut manger à Cassis!
Casque, gants, lunettes de soleil en prévision de l’aube, nous voilà lancés sur les routes monotones qui mènent à Aix. Au programme des lignes droites qui n’en finissent pas, de légères fluctuations avalées pleine bourre, beaucoup, beaucoup, beaucoup... beaucoup de ronds-points et
des camions. La première pause se fait au bout de deux heures de route (nous sommes des motards consciencieux), sur le
parking d’un “tchut-tchut pas de marque”. Cette pause tombe bien car étant garçon à beaucoup parler quand je roule et que
je m’ennuie, l’intérieur de mon casque est plein de condensation... petite pause photo, puis de nouveau: casque, gants,
contact go.
Les routes ainsi que les petits patelins s’enchaînent de manière monotone, la plupart du temps nous sommes calés à 120 sur des lignes droites qui n’en finissent pas, 100 kilomètres de fait, il commence à faire beau, je pense qu’on aura chaud. 200 au partiel, les routes commencent à être bordées de platanes, ça sent le sud. 230, ha, besoin d’un pit stop pour remettre de l’essence. Nous ne sommes plus très loin d’Aix, il nous reste une quarantaine de kilomètres.
A la station service où nous décidons de ravitailler, un petit vieux, dans un 4X4 de ù@!# semble être en détresse, et pas seulement parce qu’il est immatriculé 75. Sans y prêter plus attention que ça, nous nous acquittons de notre taxe à 1 litre l’euro quarante, ça va être dur dur de s’asseoir sur la selle après ça... Petite pause “tchut-tchut pas de marque” histoire de reprendre des forces, les kilomètres jusqu’à Aix passeront vite. Sans être plus agréable, la route présente mieux, une odeur très légèrement sucrée se glisse sous le casque, “ça seng le sudeuh”!
Le vrai choc, l'élément déclencheur qui va nous rappeler qu’ici ils ne sont pas comme chez nous, c’est la conduite des Aquisextains... mais qu’est-ce que c’est que cette bande de malades?! Les deux roues se faufilent de partout, il y a une ligne de bus en plein milieu de la route!! Et les voitures qui viennent d’en face font demi-tour à l’arrache sur les trois voies!! Moi qui pensais avoir tout vu en prenant le rond-point de l’étoile à Paname, je vois que le monde citadin renferme encore moult folies!
En fait, pour se mouvoir dans Aix, il faut: 1 oublier toute notion de code de la route, 2 de civisme et 3 de crainte. Il faut s’imposer, même face à une voiture lorsqu’on est en vélo, il ne faut jamais s’arrêter sinon on est mort! Pour l’apprendre, nous ferons la monumentale erreur de nous arrêter à un feu devant un passage piéton (feu qui était vert) en voyant une twingo elle aussi arrêtée. ERREUR CIVIQUE! Les piétons se ruent sur la route comme une marée humaine, et vu la quantité on n’est pas prêt de repartir. Alors nous avons appliqué les règles numéro 1 et 2, et foncé dans le tas de piétons, qui malheureusement applique la règle 3, ce qui complique un peu la tâche (ne pas hésiter à rouler sur kiki pour montrer qu’on ne plaisante pas).
Il semble cependant qu’il y ait certaines limites à la règle numéro 3. Nous avons croisé un bus arrêté en plein milieu de sa voie, un scooter étalé devant lui.